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mercredi 26 mars 2008

L’Orientation Scolaire: Enjeux & Pièges pour la Jeunesse Musulmane

Chaque année, au moment de l’orientation scolaire, les parents sont face à la même problématique concernant le devenir de leurs enfants qui fait naître beaucoup d’interrogations. Des questions légitimes qui impliquent des réponses propres à chaque situation en prenant en compte la complexité des situations qui sont elles même directement liées à l’environnement de nos enfants. Au sein de la communauté musulmane, l’une des premières constatations simples; c’est l’orientation massive de nos enfants vers des filières manuelles et techniques « voie de garage » dont nous connaissons tous les débouchés et le statut social que cette dernière accorde à celui qui l’emprunte. Dans chaque établissement, on trouve une équipe éducative rassemblant l'ensemble des personnes qui interviennent dans la scolarité d'un enfant: les parents, les enseignants, le directeur ou chef d'établissement, le médecin, le psychologue ou conseiller d'orientation-psychologue et le cas échéant l'assistante sociale ou l'éducateur qui travaille avec la famille.

Malheureusement, nos parents ne sont pas encore assez impliqués dans cet organe consultatif qui pèse dans l’avenir de nos enfants. Il est urgent de prendre conscience de notre devoir de nous engager au niveau local dans les collèges et les lycées. Le rôle de l'équipe éducative de l’établissement, de par sa proximité avec votre enfant, doit participer via le dialogue et la concertation, au suivi individuel de l'élève, en particulier dans l'élaboration de son projet d’étude et d'orientation. Sachez que ce n’est pas une instance de décision mais un groupe de travail qui est là pour réfléchir sur les perspectives à envisager pour la poursuite de la scolarité de votre enfant et de l’élève.

Le problème dans l’orientation scolaire, c’est que la psychologie de l’élève en difficulté n’est pas toujours comprise et prise en compte par l’équipe éducative. Les conséquences de l’orientation peuvent être catastrophiques pour l’élève en période de crise d’adolescence et de développement. La vigilance des parents est primordiale pour la validation et l’approbation des propositions d’orientation. Le handicap majeur, c’est qu’une grande partie des parents dans notre communauté sont loin de connaître, de pouvoir analyser les enjeux et les conséquences des décisions qui sont prises en amont. Il faut mettre en place au sein des mosquées des groupes de consultants en orientation scolaire, en s’appuyant sur les membres ayant réussit dans leur parcours scolaire et professionnel, pour venir en aide aux parents qui souvent ne maîtrisent pas le français. Il faut encourager les parents à s’impliquer d’avantage dans les réunions parents-élèves et conseil de classe.

Il est évident qu’il faut cesser les positions victimaires faciles, la discrimination dans la société est une réalité certes qu’il faut dénoncer énergiquement, mais il faut surtout nous organiser pour dépasser tout cela et donner les moyens à nos jeunes d’avoir du soutien scolaire et un vrai suivi dans leur parcours. Nous avons la chance encore en France d’avoir un système méritocratique qui permet l’ascension sociale, malgré tous les reproches que l’on peut lui faire. Si on ne s’implique pas au niveau local et que l’on ne va pas au devant de nos responsabilités dans la vie scolaire de nos enfants, on risque de se lamenter sur notre sort encore très longtemps. Il est révolu le temps où nos parents estimaient que l’on est là que de passage en France. Notre avenir et celui des générations à venir se jouent aujourd’hui. On doit faire siennes les problématiques scolaires de nos quartiers. A nous de sensibiliser, de faire réagir nos élus et impliquer l’ensemble des habitants pour exiger des réformes dans l’encadrement des jeunes à l’école.

Il faut que chaque musulman, qui a eu l’occasion de faire des études, prenne en charge et parraine au moins un enfant parmi ses proches ou dans son quartier pour le coacher et lui montrer les différentes possibilités d’orientations. L’orientation de nos enfants peut être une réussite si nous savons faire preuve de solidarité et de générosité en direction de ceux qui sont délaissés par le système. La réussite d’un musulman n’est une réussite que si elle profite à l’ensemble de la Ummah et de la société en général.
R.A