Les récentes déclarations à la Conférence sur le racisme à Genève (Durban II) du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui a qualifié le gouvernement israélien de « gouvernement raciste », ont déclenché une rafale de critique et de protestation prévisible de la part de nos pays occidentaux. Qu’a t- il dit dans sa déclaration si l’on en croit la traduction qui nous est faite : «Après la fin de la Seconde guerre mondiale, ils (les Alliés) ont eu recours à l’agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive, a expliqué le président iranien. Ils ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et du monde de l’Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée». Ces déclarations ont provoqué le départ de plusieurs représentants de l’Union européenne. La question qui nous vient instinctivement en tête est : peut on et a-t-on le droit de critiquer le gouvernement Israélien et les orientations de ce pays ? Faut il être d’origine juive pour avoir le droit de critiquer Israël ? Ici se pose une question fondamentale de la liberté d’expression qui elle aussi est autorisée à géométrie variable.
Il est évident que cette interrogation légitime relève en Europe des soupçons d’antisémitisme pour celui qui à le courage de la poser. Ne serait il pas temps que les européens prennent conscience que ce protectionnisme artificiel du débat, orchestré et voulu par connivence avec le gouvernement d’Israël, par des pressions médiatiques qui permettent d’entretenir une ambiance de culpabilité et de risque de bannissement médiatique, pour celui qui ose publiquement dire ce que la majorité pense tout bas est un problème majeur. Cette attitude de l’Europe et de l’occident en général ne fait qu’attiser une frustration d’injustice et de complaisance inconvenant quelque soit les déclarations haineuses des dirigeants israéliens de Sharon à Nétanyahou en passant par Lieberman. Des actes condamnés par la communauté internationale concernant les actes de terrorismes d’états, de nettoyage et de liquidation sans scrupule en employant des armes non conventionnelles face à des populations civiles restent dans une impunité totale. Pourquoi est il si facile de lancer un mandat d’arrêt international contre des dirigeants africains? alors que des bourreaux en activité dans les gouvernements successifs en Israël agissent avec impunité qui est totale.
L’apathie de nos pays occidentaux, face à la misère et la ségrégation sociale, politique et économique, incite et contribue au creusé des fossés entre les êtres appartenant à des cultures et des confessions différentes. La lutte contre le racisme et toute forme de xénophobie passe avant tout par la lutte contre les injustices et les inégalités dans le monde avec la même détermination quelque soit le degré d’intérêt stratégique, géopolitique et économique. Malheureusement, la mise en oeuvre de la politique du deux poids deux mesures dans les actes sur la scène internationale est totalement absconse et révoltant. Les arcanes de l’absurdité de la politique de nos pays occidentaux face au pire agissement de l’état d’Israël lors de l’opération « plomb durci » pour ne citer que celui-là, où l’on a pu constater des massacres, des comportements inadmissibles et inacceptables, rappelant les heures sombres de certains régimes en Europe, ne peuvent qu’aggraver la foi en la justice et à la partialité.
L’anémie de l’esprit critique des intellectuels européens à l’égard du gouvernement en place dans cet état qui se flatte d’être la seule « démocratie » de la région tout en spoliant, massacrant, torturant, affamant et assouvissant des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans des prisons à ciel ouvert, en dit long sur la prostitution des esprits amadoués en occident. Rares sont ceux qui s’aventurent à critiquer ouvertement ce gouvernement sioniste de manière frontale et direct sans que leur trajectoire carriériste soit mise à mal par les complaisances de connivence circonstancielle exercée par les médias et les institutions en tout genre.
La résistance s’organise s’intensifie pour dénoncer l’inqualifiable face aux atrocités récentes commise sur la population civile de Gaza. Les langues commencent à ce dénouer, les esprits se libèrent des carcans de l’histoire et la raison critique à trouver le chemin du discernement. Combien de 11 septembre représente le nombre de mort palestinien depuis l’imposition et la création de cet état israélien, qui n’a su trouver ni faire sa place dans une région qui ne peut accepter l’ethnocentrisme et l’apartheid. Les politiques israéliennes successives à quelques rares exceptions ne veulent pas la paix et ne la souhaitent pas, car elles vont à l’encontre de leur intérêt expansionniste et colonialiste.
Alors que certains intellectuels juifs dont il faut saluer le courage comme Shlomo Sand, Igal Sarna et Norman Finkelstein pour ne citer qu’eux prouvent qu’il y a une véritable prise de conscience avec une lucidité sur les intérêts du peuple juif pris en otage par des gouvernements successives ayant pour seule ligne directrice l’idéologie sioniste plutôt que les valeurs du Judaïsme qui pourraient s’inscrire dans un état neutre de type républicain. Malheureusement nos intellectuels en Europe sont encore dans un état d’asthénie accrue et de tétanisation chronique lorsqu’il faut dénoncer les injustices flagrantes de la répression disproportionnée d’une armée entretenue et soutenue aussi bien par l’occident que certains régimes arabes corrompus jusqu ‘à l’épiderme.
La position quasi-innée de la plus part de nos hommes politiques, artistes et intellectuels en France et en Europe sans parler des Etats-Unis, prouve combien le conditionnement psychique et moral est bien entretenu par l’éducation officielle au service d’une idéologie abjecte. Le devoir de l’Europe c’est de lutter contre l’oublie et la tragédie de l’holocauste et non pas de tomber dans la servitude d’une idéologie telle que « le sionisme » qui est en déphase total avec l’intérêt du peuple juif.
Hypnotisé par le poids de l’histoire et du sentiment de culpabilité collective, l’instinct grégaire de nos soit disant éclairés hommes de lettre et d’art, qui ont il faut le reconnaître, l’art et la manière de donner des leçons d’humanisme et de droits de l’Homme au reste du monde. Le nombrilisme et l’orgueil sont les deux réels problèmes dans la politique étrangère de l’occident. Une lueur d’espoir naîtra dans le changement d’attitude face à la réalité devenue insupportable aussi bien pour le cœur que pour la raison. Seuls ceux qui ont la précellence d’un esprit libre nourri par une spiritualité profondément critique et altruiste sont honorés par la vie dans ce combat face à l’injustice commis au su et au vu de tous par le gouvernement Israélien. Rendre service au peuple juif ce n’est pas avoir une attitude, un amour effréné et aveugle en sacralisant la politique des gouvernements mais c’est dire la vérité en phase sans détour avec des condamnations fermes sans incartade lorsque les actes trahissent les valeurs universelles élémentaires.
Il faut arrêter de jouer la comédie en acceptant le choix des urnes de certains et en refusant celles des autres. Comment se fait t-il que l'extrémiste et provocateur chef d'Israël Beitenou qui est le ministre des Affaires étrangères de Benyamin Nétanyahou dont on connaît les positions racistes et fascistes sont acceptées et reçues avec les honneurs dans nos pays occidentaux alors que dans le même temps le Hamas (que l’on soit pour ou contre) élu démocratiquement avec l’approbation de la communauté internationale sur le déroulement des élections exemplaires, se voit mise au ban par un boycotte politique et économique ? Est ce qu’il n’y a que ceux qui défendent les valeurs occidentales qui ont le droit aux mots : « résistance et liberté » ? Tous les autres seraient des terroristes ? Quel peuple peut accepter les humiliations que subissent les palestiniens depuis un demi siècle ?
Le Professeur d’histoire de l’université de Tel Aviv, Shlomo Sand auteur du livre "Comment le peuple juif fut inventé" qui remet en cause la politique identitaire de son pays, et démontre comment celui-ci fut inventé sous la plume d’historiens juifs du XIXe siècle. Ce livre devenu un best-seller et qui donna lieu à des débats orageux en Israël mais qui est resté très timide en France et Europe, grâce à nos hardis hommes médiatiques qui ont passé sous silence cette réalité...
Le professeur Shlomo nous dit ceci : « Cette conception historique constitue la base de la politique identitaire de l’Etat d’Israël, et c’est bien là que le bât blesse ! Elle donne en effet lieu à une définition essentialiste et ethnocentriste du judaïsme, alimentant une ségrégation qui maintient à l’écart les Juifs des non-Juifs — Arabes comme immigrants russes ou travailleurs immigrés. Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens. Près d’un quart d’entre eux ne sont pas considérés comme des Juifs et, selon l’esprit de ses lois, cet Etat n’est pas le leur. En revanche, Israël se présente toujours comme l’Etat des Juifs du monde entier, même s’il ne s’agit plus de réfugiés persécutés, mais de citoyens de plein droit vivant en pleine égalité dans les pays où ils résident. Autrement dit, une ethnocratie sans frontières justifie la sévère discrimination qu’elle pratique à l’encontre d’une partie de ses citoyens en invoquant le mythe de la nation éternelle, reconstituée pour se rassembler sur la « terre de ses ancêtres ». Ecrire une histoire juive nouvelle, par-delà le prisme sioniste, n’est donc pas chose aisée. La lumière qui s’y brise se transforme en couleurs ethnocentristes appuyées. Or les Juifs ont toujours formé des communautés religieuses constituées, le plus souvent par conversion, dans diverses régions du monde : elles ne représentent donc pas un « ethnos » porteur d’une même origine unique et qui se serait déplacé au fil d’une errance de vingt siècles. »
Un autre écrivain de renom Igal Sarna ne pense pas autrement quand il écrit: «Il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que les déclarations tonitruantes de responsables de droite sèment chez vous le trouble et l’inquiétude (...). Après que le problème palestinien aura été résolu de la meilleure façon possible, grâce à nos hélicoptères Apache, nos liquidations, nos retraits unilatéraux, notre muraille [le mur de séparation], notre clôture et nos raids préventifs, il nous restera encore à résoudre le problème d’entre les problèmes: votre problème, celui de ce million et demi de citoyens israéliens musulmans et chrétiens qui vivent parmi nous. Vous restez une cinquième colonne, un cancer, un cheval de Troie (...) Vous qui, malgré tout cela, vous vous accrochez ici …»
John Mearsheimer de l’université de Chicago et Stephen Walt de Harvard dans un livre remarquable «Le lobby israélien et la politique étrangère américaine», ont décrit l’influence du lobby sioniste aux Etats-Unis. Ce livre relance la question du rôle des Etats-Unis au Moyen-Orient. Les auteurs estiment que le soutien à Israël n’est pas basé sur des raisons stratégiques ou morales, mais s’explique par la pression des lobbys sionistes. Cela a pour conséquence, selon MM.Mearsheimer et Walt, une politique américaine déséquilibrée au Moyen-Orient qui a conduit à la décision d’envahir l’Irak et de menacer l’Iran et la Syrie, au prix d’une sécurité fragilisée pour le monde occidental. «Israël n’a pas le poids stratégique que les Etats-Unis mettent en avant. Selon les deux professeurs, «soutenir le traitement infligé aux Palestiniens par les Israéliens a renforcé l’anti-américanisme dans le monde et a presque certainement aidé les terroristes à recruter de nouveaux volontaires». Mearsheimer et Walt soulignent l’aide militaire et économique de trois milliards de dollars reçus chaque année par Israël - soit plus que tout autre pays. Ils notent aussi le soutien diplomatique apporté par Washington: entre 1972 et 2006, les Etats-Unis ont mis leur veto à 42 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui critiquaient la politique d’Israël. La réaction à l’étude de l’université de Harvard s’est manifestée par la colère du Lobby et de ses partisans - et la rétrogradation de Walt, qui, comme cela a été annoncé peu de temps après la publication de l’article, sera viré de son poste de doyen (universitaire) de la John F.Kennedy School of Government. Jeudi 30 août 2007.
Comme l’écrit si bien le professeur Norman Finkelstein, dont les parents sont morts à Auschwitz : « Israël sera toujours en danger de paix à force de regarder vers l’ouest, car il s’est coupé de ses voisins immédiats. Il est impossible qu’il ait un avenir au milieu de 300 millions d’Arabes quand bien même il arriverait par son potentiel nucléaire à carboniser la moitié, il en restera la moitié. Les Etats-Unis se lasseront un jour de ce parti pris en leur faveur. Le temps joue en défaveur des Israéliens qui tiennent, en plein vingtième siècle, à avoir un Etat juif pur par pur racisme. De plus, Israël ne pourra pas continuer longtemps à défier la communauté internationale. Les derniers carnages de Ghaza, la punition des Libanais, commencent à fissurer le fonds de commerce constitué par l’industrie de l’holocauste. »
Dans l’espoir que les esprits libres puissent s’exprimer sans retenue et sans contrainte, la contribution et l’implication de tous est nécessaire plus que jamais, afin d’avancer vers une justice qui se fait attendre depuis bien longtemps en Palestine. Critiquer le gouvernement Israélien avec force, lorsque c’est justifié, c’est venir en aide au peuple juif afin de les prévenir d’un avenir sombre planifier par une idéologie sioniste qui les mène tout droit à une catastrophe qui risque d’être irréparable non seulement pour les juifs mais pour le reste du monde.
R.A
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