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mardi 17 avril 2012

Meccalas : Les mutantes voilées



Si le combat pour ou contre le voile est légitime d’un point de vue intellectuel selon les convictions de chacun, que dire de la mode de ces jeunes filles et femmes qui portent le foulard soit disant islamique avec des tenues ultra sexy en valorisant leur taille de guêpe, leur généreuse poitrine pour entretenir le flirt du regard dans la rue et jouer de leur pouvoir de séduction. Que cherchent-elles si ce n’est le qualificatif de callipyge ou d’aguicheuse compulsive. 

Cette mode développée durant cette dernière décennie est en train de pervertir les mœurs et les coutumes des femmes musulmanes qui livrent leur corps à la mode occidentale excepté leur tête qu’elles réservent pour marquer leur identité « islamique ». Il n’est pas surprenant que les termes musulmans d’apparence ou de culture musulmane ont une résonnance toute particulière où la crise identitaire n’a jamais été aussi forte. Le détournement des finalités islamique de la tenu vestimentaire pour créer un trait-union entre la mode occidentale et les tenus traditionnelles dans les pays musulmans ont abouti à des mutations et des codes pour le moins surprenant. On peut croiser sans difficulté des jeunes femmes avec un foulard associé à un jean, à une jupe arrivant à peine à hauteur des genoux, pour certaines avec des collants … sans compté le foulard associé à des tenus ultra transparentes moulant avec tous les accessoires de beauté pour permettre le ravalement de façade.

           Il faut croire que la mondialisation et  les codes vestimentaires au service d’un capitalisme mercantile du phénomène religieux ne laisse aucune place au spirituelle dans nos choix et nos principes. Au lieu de leur donner dignité et fierté en tant que femme musulmane aspirant à plus de piété, cette mode impulsée par une pure logique économique est en train de les emmener à petit pas vers la mode occidentale où le culte du corps et la sublimation du féminin sont les fondements d’une logique de consommation sans morale et sans pudeur.

           L’image de la femme musulmane prise dans cette déferlante des codes de communication « moderne » où les esprits sont colonisés par un matraquage de tous les supports médiatiques qui poussent les femmes à toujours plus de snobisme dans la société, révèle un symptôme bien plus profond et inquiétant que la tenue en elle-même. Les carences d’éducation et de compréhension des finalités spirituelles et recommandations de l’islam dans son éthique sont les vrais problèmes auxquels les femmes musulmanes sont confrontées. Il suffit de regarder dans les rues en France, au Maghreb, en Turquie et ailleurs, la tenue de cette nouvelle génération soit disant moderne et fashionable. Il n’y a en réalité aucune différence entre la mode vestimentaire décalée des femmes musulmanes et la mode occidentale au détail près qu’il y a un châle ou un foulard  multicolore que les femmes arborent pour s’inscrire dans cette mode « pseudo islamique moderne ».

        On pourrait qualifier ces femmes, qui ont poussé à l’extrême le trait d’union entre les tenus « respectant » les principes islamiques et les tenus occidentalisées  de « meccalas »  un mot résultant de la concaténation de deux antipodes en termes de mode de vie, que sont : Mecca et Las Vegas. Ce qui est au-dessus de la tête fait référence à l’islam et ce qui sur le corps et en dessous de la ceinture  indiquent les aspirations aux modes de vie occidentaux sublimant le culte du corps de la femme pour la rendre la plus sexy au point d’en faire un objet sexuel et un argument de vente dans un monde ou le capitalisme n’épargne ni les mœurs ni la dignité des êtres.  Il évident que c’est pas l’occident en soi car elle est elle-même victime d’une dérive sans limite pour ce qui touche aux notions de dignité, de pudeur et de morale dont le vêtement n’est qu’un signe parmi d’autre de cette déchéance et ce culte du nu dont la mode cherche à tout prix sublimer .

          Que dire d’un pays comme la Turquie où des siècles durant elle a été le fer de lance de l’Islam, de sa préservation et de sa propagation, qui aujourd’hui influence par ses séries télés une forme de décadence à peine voilé. Il en résulte une forme de volonté absurde d’habiller les mécanismes du capitalisme avec les vêtements pseudo-islamiques.  Y a-t-il une limite dans cette descente aux abîmes moraux par ceux qui à des fins mercantiles dénaturent et manipulent la religion et les codes de cette dernière ?

          Le comble dans cette histoire est que le phénomène est présent d’est en ouest en Turquie comme dans beaucoup de pays musulmans.  Le libéralisme effréné en Turquie a réussi à mercantiliser la religion au point que pour vendre n’importe qu’elle produit elle fait référence à la religion. Sous l’étiquette du voile islamique c’est la mode occidentale à l’état pur que l’on est en train d’injecter dans les traditions jusque là préservé par ceux qui avaient un attachement à l’islam avec une approche spirituelle et piétiste. La mondialisation des traditions et des modes est en marche plus que jamais en Turquie. L’importance donnée à l’apparence vestimentaire plutôt qu’à une vraie consistance dans l’éducation spirituelle de la jeunesse musulmane est flagrante dans les rues en Turquie.

         Si ce gouvernement de l’AKP qui est en place fait le plein des voies grâce à l’effervescence de l’économie turque peut être félicité et encouragé pour ces résultats excellents et historique, on ne peut pas en dire autant sur la vraie plus value en terme d’éducation religieuse, de préservation des traditions et des mœurs. Même si on ne peut tout imputer en terme de carence éducative à ce gouvernement, le constat est que le peuple donne l’impression de ne vivre que pour l’argent, peut importe le prix que cela coûtera, tout cela bien sûr dans le mépris des valeurs islamiques bafoué à chaque coin de rue. Les côtes turques sont devenues des vrais bordelles où russe, anglais, français … viennent consommer sans limite de l’alcool, profiter des filières de prostitutions des femmes exploités comme des esclaves du sexe et le plus grave c’est la corruption des mœurs qui est en marche à cause de ces flots successives  de touristes qui débarquent chaque années.

          Pourtant les textes sont clairs et sans équivoque sur la finalité du sens du hijab du voile également : { […] Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qu’il en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines } [ S24 - V31] ou encore cet autre verset  { Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux croyantes de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux} [S33 - V59].

        L’espoir est dans cette génération à venir où l’éducation et l’instruction religieuse et profane ne sont pas une simple vue d’esprit mais bien une finalité dans leur cheminement de croyant et de citoyen responsable dans cette société moderne qui oblige à des réajustements permanant. L’unité de mesure d’une bonne pratique de l’islam n’est pas le vêtement d’apparence mais bien ce cœur que le vêtement est censé couvrir par pudeur et piété dans le prolongement de la couverture spirituelle. Il faut un moment donné avoir le courage de ses convictions et de ses choix, si vous décidé en âme et conscience de porté le voile islamique alors faite en sorte de respecter la dignité de la femme musulmane qui le porte par piété et par chasteté.  

R.A




P.S : Un petit rappel s’impose sur la définition (Sheikh `Atiyyah Saqr) : Le hijâb désigne linguistiquement le voile comme dans la parole du Très-Haut : "[...] Et si vous leur demandez quelque objet, demandez-le leur derrière un voile. [...]" (S33-V53) et dans Sa parole : "Elle mit entre elle et eux un voile. [...]" (S19 -V17). Au plan juridique, on entend par ce terme tout ce qui prévient la séduction et les blandices entre les deux sexes. On atteint cet objectif par la couverture de la `awrah, la retenue dans le regard, la prévention de l’isolement (khalwah), des paroles cajoleuses et du toucher.