Que d'épine ma belle tu offres telle la rose !
Que de chemin parcouru et rompu pour peu de chose,
Au destin implacable et soumis, à la merci du sort !
Pas une nuit dans mon palais sans mille soupires !
Pour préserver les secrets de notre vaste empire,
Avant que la pluie et l'orage nous offrent la mort !
J'ai dans ma malle une jeune merveille,
Qui, en mon jardin, de jasmin, à nulle autre pareille,
Plaisir à souhait, sublimant l’amour en soi ;
Généreuse à souhait, la main sur le coeur,
Invitant au voyage intimes en elle,
Me faisant jouissance à l'ardeur,
Elle se consume en moi.
Ô châtiment de l'amour, ô dure destinée,
Que d'épreuves, d'envolées, tel l'oiseau de Phinée,
Sens-je me terrasser !
À mesure que je perds patience,
Et que supplante de raison mon inconscience,
Que puis-je si ce n'est pleurer ?
À fleur de peau, de doute assailli de vagues qui irritent,
Chaque poussière de toi me sollicitent,
Comme pour redessiner ton dessein;
Jusqu'à me déclarer à moi-même la guerre ;
Au point de supputer que si l'enfer est mirage sur terre,
Nul crainte qu'il s'est réfugier en mon sein.
J'ai épluché chaque hémisphère,
Au point de ne savoir quoi faire
Si ce n'est languir, souffrir et soupirer :
Réclamant au désespoir telle une coutume ;
Une liqueur noyant mon chagrin d'amertume,
Que je puis davantage endurer.
À l'horizon vespéral, envahit par le silence,
Tout en moi raisonne de jour en violence,
Incompris, fatigué, l'esprit écorché,
Je suis à la dérive, emporté par l'étreinte de la solitude,
Rêvant du matin au soir sur les toits du monde,
Au point que le sommeil m'a répugné.
Pis, si de malheur mes paupières,
Tentent un répit, ma douleur me comble de manières,
M'obligeant à jeter mes derniers efforts ;
Pour éviter que ton manque me ronge,
Et ne transforme en cauchemar l'innocence de mes songes,
Que d'épuisement je meure quand je dors.
Est ce un malheur, un bonheur d'aimer tel un crime ?
Abattant les codes et les mœurs dont je suis victime.
Ah de notre amour combien aimeraient l'immoler ;
Où de jalousie, épier au point de la ravir ;
Suppliant que la fortune à leur porte puisse frémir,
Afin de vivre notre secret quelques soient le danger.
Nul ne peut imaginer ce que j'endure
Pour une affection tombée du ciel, qui dure
Faisant fi de tout trépas.
Par miséricorde les cieux de pitié couvrent sans éloges
Cette destinée désertée par les anges
Où la passion n'en finit plus d'éclairer.
R.A