recherche

Google
 

lundi 22 juin 2020

Samarkand



Ô mon rossignol enchanté, 

Va retrouver les anges de Samarkand, 

Dis leur que je patiente tel un amant 

Priant de jour la nuit du destin, 


Et murmure à ma promise 

Que le ciel de la nuit se plaint 

De mes perles que je ne sais contenir,

Inondant mes missives, sans réponse ! 


Qu’ici le champ de l’espoir se fait désert,

Quand le vent de l’amour éperdu ignore,

Je me noie des maux de l’indifférence, 

Où le marbre épouse le sanglot du silence.


Ô mon rossignol plein de dignité, 

Va retrouver les mendiants de Samarkand,

Dis leur qu’ils n’ont rien à m’envier 

L’amour à fait de moi un va-nu-pieds errant.


D’elle je suis affamé tel un prisonnier, 

Tel un esclave martyrisé et enchaîné, 

Seul l’ivresse de mes vers me libère,

Jusqu’à embrasser la folie éveillée,

Au point que je les jalouse de fouler 


La terre honorée du talon de ma dulcinée, 

Cette contrée exhale l’essence de l’aimée.

Dis à mes frères de la misère de prier 

Perdu je le suis sans le parfum de son voile, 

Égaré je le suis sans ses mots sous la toile.


Ô mon rossignol initié , 

Va retrouver les soufis de Samarkand,

Dis leur de me révéler leur secret 

Mon âme, en vain virevolte loin de l’amour, 


Conte leur la détresse qui est la mienne, 

Depuis que sa grâce m’a touché, 

Mon âme d’impatience est essoufflée

À égrener les saisons de mon chapelet. 


Rappelle leur ma souffrance de l’aimer, 

D’une foi digne d’un awliya dévoué, 

Espérant du celeste que l’intime soit exaucé,

En échange d’un paradis éternel inspiré. 


Ô mon rossignol ailé, 

Va retrouver les déchus de Samarkand,

Dis-leur que le printemps se meurt l’été

Comme je meurs ici à la taverne des émus, 

Je sens le bishaq des assassins d’Alamut 


Près de mon coeur saignant mais convoité... 

Ni Hassan Sabbah, ni Nizam al-Mulk 

N’ont su dompter en moi l’esprit rebel 

Depuis les rubbayaits d’Omar Khayyam. 


Ivre d’elle je le suis à la belle étoile, 

Jusqu’à l’overdose libérant ma prose,

Pour une liqueur d’opium au pouvoir sibylle, 

Incisant jusqu’à la sève le coeur de ma rose. 


Ô mon rossignol désiré,  

Va retrouver les muezzins de Samarkand,

Dis leur qu’Allah seul guide les effrontés,  

Qu’entre deux appels lancés, les amants

Susurrent dans les alcôves la prière de l’esseulé : 


Ô Allah devance mon destin à sa porte,

Que je puisse lui offrir l’anneau sacré, 

Ô Allah précipite la mesure du clepsydre, 

Que nous puissions chanter tes louanges à deux. 


R.A


4 commentaires:

LayLa a dit…

Vous me laissez sans mot devant tant d’amour et de beauté 🌹

Hab a dit…

J'aime vraiment beaucoup, un style qui te va très bien. Je suis, malgré plusieurs relectures, scotchée. L'image d'illustration est parfaite. On ressent la passion, le manque, mêlés à des références religieuses qui rappellent le Moyen-Orient de l'ancien temps. Je suis très à l'aise avec les références soufi mais sans te mentir, il y a quelque chose choses qui me gêne énormément ^^ la partie sur le awliya dévoué.
Tu as ton avis sur la question certainement mais je ne vais pas me priver de donner le mien, cela me fait penser à de l'association en Allah, d'aimer, même si ce ne sont que des mots, comme un walyoullah aime Allah.
Les awliya, par leur statut particulier, voue leur vie à Allah, ils sont les amants et n'existent que pour ça, et ne sont même plus (al-fana). L'amour voué ne doit pas être dirigé vers les humains, c'est mon avis.
Autrement, on ne reste pas sur notre faim, ton poème est long à souhait et tu as beaucoup d'inspiration.

Hanane a dit…

Wow! Tellement beau et émouvant ❤
Belle plume

Ayşe a dit…

Les poèmes que vont nous insuffler est le reflet de votre grande générosité, je vous remercie infiniment de nous faire présent de votre présence à travers la danse de vos rimes empreintes de bonté et de spiritualité.