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jeudi 15 octobre 2020

Diwan : Ghazal en larmes

 


Ô Layla, 

L’amour m’a rendu triste,
En moi ce siècle de ghazal en larme,

Tu as donné vie à la langueur céleste,

Dans les bras de la nuit mon coeur pleure,

Au chant du rossignol loin de sa fleur,


Ô Layla, 

Tu devais prendre soin du cristal,

Le voilà brisé en morceaux sur l’étal, 

J’ai effleuré ton amour, me voilà perdu,
J’ai pris pour ami le roseau éperdu, 

Ô douleur des nays brise le silence ému,

Levons nos vers polis aux rimes de l’ivresse, 

À défaut de sentir la rose et sa caresse, 


Ô Layla, 

Au désespoir certes nul n’est tenu, 

Et pourtant sur les routes de Chiraz, en vain, 

J’ai visité les tabernacles malsains, 

J’ai frappé la porte des oracles aveugles,

J’ai consulté les guérisseuses farfelues, 

Nul n’a pu m’aider ni apaiser mon destin, 


Ô Layla,

Noyé dans le chagrin du désert,

La mort dans l’âme, au gré du vent, 

J’ai erré sous la voûte telle une poussière,

J’ai attrapé la caravane perdue des amants,

Sous la tente j’ai murmuré aux chameliers, 

Le secret de l’alchimie de mes peines,

Sous une pluie chaude de p’rose et de vers,

J’ai enchanté le majlis des éfrits abasourdis, 


Ô Layla, 

J’ai fini par boire le calice jusqu’à la lie, 

C’est au crépuscule, à lisière des dunes, 

Là où le fil d’or de l’espoir réunit,

Le ciel et la terre, le jour et la nuit,

J’ai imité les sages prosternés pour Allah !


Ô Layla, 

Ta douleur m’a jeté dans l’errance infortune,

Les hommes et les djinns m’ont déclaré majnun,

Les anges, les orphelins m’ont bercé de sublime âyat,

Par la miséricorde et de la grâce infinie d’Allah ! 

Me voilà apaisé pour un sommeil sans toi ô Layla. 


R.A

2 commentaires:

Marwa B a dit…

Poème juste sublime 😍

Anonyme a dit…

Tu es comme le matin. Je suis la lampe qui brille,
Seule, à l’aube. Souris-moi, et je donnerai ma vie.

Tu es le deuil de mon cœur, pour les boucles de ta tête,
Que ma tombe fleurira d’un tapis de violettes.

Je me tiens, les yeux ouverts, sur le seuil de ton désir.
Dans l’attente de ton regard, …mais, de moi, tu te retires.

Merci. Que Dieu te protège, ô cohorte de douleurs,
Car, lorsque je serai seul, tu resteras dans mon cœur !

De mes yeux je suis l’esclave, lorsque, malgré leur noirceur,
Le compte de mes chagrins leur fait verser mille pleurs.

Mon idole se dévoile aux regards de tout le monde,
Mais personne ne surprend tant de grâce, que moi seul.

Mon amour, comme le vent, quand tu passes sur ma tombe,
Dans ma fosse, de désir, je déchire mon linceul…

Hâfez de Shiraz